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« Ne pas donner de leçons mais agir »

Viktor Mac est le président d’une jeune association, La Repousse, base dans les Ardennes et qui organise des chantiers de bénévoles sur des exploitations dans le Nord-Est.

Viktor Macé est le président d’une jeune association, La Repousse, basée dans les Ardennes et qui organise des chantiers de bénévoles sur des exploitations dans le Nord-Est. Cette association se veut l’héritière de la tradition de solidarité villageoise, avec une ligne de conduite forte : faire plutôt que contester.

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Quels sont les objectifs de votre association ?

Avec des amis engagés dans le milieu associatif comme moi, vivant en milieu rural, nous sommes partis de deux constats. Tout d’abord, il existe une inertie du monde agricole due au grand nombre de structures, au poids des habitudes, aux entraves de la réglementation, à la lenteur de l’Administration. Si nous comptons sur les politiques pour faire bouger les choses, nous risquons d’attendre longtemps… C’est donc à nous, citoyens, de prendre notre avenir en main. Sans être donneurs de leçons, mais en mettant en place des actions concrètes.

Deuxième constat : il existe une réelle solitude chez certains agriculteurs. Il y a de moins en moins cet entourage familial, qui était certes parfois lourd mais gage de présence, mais aussi amical, social. Être bénévole pour La Repousse, c’est « donner la main », comme on disait autrefois. Installer des clôtures, monter une serre… Nous voulons recréer cette entraide qui existait autrefois dans les villages.

Désormais, vous vous investissez davantage dans les plantations de haies. Pourquoi ?

Parce que planter les haies, cela demande beaucoup de temps, de main-d’œuvre. C’est le type de tâche que l’agriculteur va différer, même s’il est convaincu de leur intérêt. Et même si des aides financières existent et que des organismes comme les chambres d’agriculture sont présentes pour les conseiller.

Alors, lorsque nous proposons de venir avec de nombreux bénévoles d’organiser un chantier pendant quelques jours, les agriculteurs nous accueillent à bras ouverts, comme en Meuse, fin novembre. Ils sont en général surpris de notre organisation. Nous assurons toute la logistique, le logement, les repas.

En contrepartie, nous leur demandons de fournir une partie des produits pour ces repas, les plus locaux possibles. Car en faisant venir des bénévoles, notre objectif est de leur faire découvrir une petite région, ses spécialités, montrer qu’elle peut être attractive, donner envie de s’y installer.

Qui sont ces bénévoles ?

Ils sont de tous âges et de toutes catégories sociales. Mais il y a deux profils qui prédominent. Le premier : des urbains de 25-35 ans, qui n’ont pas d’enfants, surtout des femmes. Ils sont soucieux d’environnement, souhaitent s’engager sur des actions de terrain, sont désireux d’en savoir plus sur le milieu agricole, d’où viennent les produits qu’ils consomment.

L’autre catégorie, ce sont des personnes de 55-70 ans qui n’ont plus d’enfants à charge. Souvent des ruraux qui habitent sur le secteur où se déroule le chantier, qui se réjouissent de pouvoir donner un coup de main, animer leur territoire. Et puis, mettre en terre des plants d’arbustes ne demande pas de connaissances techniques pointues. C’est à la portée de toute bonne volonté.

Comment êtes-vous financés ?

La Repousse bénéficie de dons privés, de mécènes. Nous organisons aussi des campagnes de financement participatif. Nous allons davantage solliciter les entreprises, leurs fondations, car nous cochons les cases qui les intéressent : l’humain, le social, la solidarité, l’environnement. Et notre association facture un peu de prestations de services, puisque l’agriculteur va toucher des aides pour la plantation de haies.

Quels sont vos chantiers actuels

En décembre, nous avons aidé à monter une serre au jardin de Perrine, dans les Ardennes. Nous travaillons actuellement sur un gros projet, pour cet automne, en lien avec les inondations catastrophiques dans le Pas-de-Calais l’hiver dernier. Ce projet vise à planter des haies à mi-pente sur le bassin hydrographique concerné. Une dizaine d’exploitations seraient dans le périmètre. Pour cette opération, nous allons essayer de rassembler un grand nombre de bénévoles, entre 200 et 250.

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